Anatomie du mouvement salafiste

1. Les opposants au salafisme apposent fréquemment le qualificatif de « wahhabite » pour dénoncer une influence étrangère. Il vise à signifier les adeptes d’Abd al-Wahhab et est le plus fréquemment utilisé dans les pays où les salafis constituent une petite minorité de la communauté musulmane, mais ont réalisé des percées récentes en  » convertissant  » la population locale à l’idéologie du mouvement. Dans ces pays, les autorités religieuses locales ont réagi à l’influence croissante de la pensée salafiste en qualifiant les salafis de wahhabites, un terme qui, pour la plupart des non-salafis, évoque des images de l’Arabie saoudite. La nature étrangère des « wahhabites » est juxtaposée aux formes locales authentiques de l’islam indigène. De cette manière, les opposants au salafisme injectent du nationalisme dans le discours religieux en brandissant le spectre de l’influence étrangère. Le mouvement salafiste lui-même, cependant, n’utilise jamais ce terme. En fait, il serait difficile de trouver des individus qui se désignent comme des wahhabites ou des organisations qui utilisent « wahhabite » dans leur titre ou se réfèrent à leur idéologie de cette manière (sauf s’ils s’adressent à un public occidental qui n’est pas familier avec la terminologie islamique, et même dans ce cas, l’usage est limité et apparaît souvent comme « Salafi/Wahhabite »).

2. Entretien de l’auteur avec un chef salafiste jihadiste, Amman, Jordanie, 1997.

3. Le terme  » puriste  » est tiré de International Crisis Group, Indonesia Backgrounder : Why Salafism and Terrorism Mostly Don’t Mix, Asia Report n° 83, 13 septembre 2004.

5. Cela inclut même l’imitation de la façon dont le Prophète s’habillait, ce qui explique le style salafi révélateur consistant à porter un vêtement ample qui arrive à mi-mollet (et pas en dessous de la cheville).

9. Comme cité dans Zaynoo,  » Méthodologie de la secte salafiste « , p. 22.

10. Olivier Roy, L’islam mondialisé : La recherche d’une nouvelle Oumma, Londres, Hurst Publishers, 2004.

11. Pour un bon aperçu du rationalisme islamique, voir Tilman Nagel, The History of Islamic Theology (Princeton, NJ : Markus Wiener Publishers, 2000). Pour les questions relatives au débat entre les rationalistes et les salafis, voir les différentes entrées de l’Encyclopedia of Islam, édition CD-ROM v. 1.0 (Pays-Bas : Brill, 1999), notamment tawhid, iman, kalam, il al-kalam, akida, Maturidiyya, Mutazila et Ashariyya.

12 W. Montgomery Watt, « Akida », dans Encyclopedia of Islam, édition CD-ROM v. 1.0 (Pays-Bas : Brill, 1999).

13. Abdul Aziz Bin Abdullah, Bin Baz, « The Beautiful and Lofty Attributes », Al-Ibaanah 2 (août 1995), pp. 31-33.

14. H. Laoust,  » Ibn Taymiyya « , dans Encyclopédie de l’Islam, édition CD-ROM v. 1.0 (Pays-Bas : Brill, 1999).

15. H. Laoust,  » Ahmad B. Hanbal « , dans l’Encyclopédie de l’Islam, édition CD-ROM v. 1.0 (Pays-Bas : Brill, 1999).

16. Pour les modernistes islamiques, voir Charles Kurzman, ed., Modernist Islam 1840-1940 : A Sourcebook (Oxford : Oxford University Press, 2002) ; Albert Hourani, Arabic Thought in the Liberal Age, 1798-1939 (Cambridge : Cambridge University Press, 1983) ; Mansoor Moaddell et Kamran Taltoff, ed. Contemporary Debates in Islam : » An Anthology of Modernist and Fundamentalist Thought (New York : St. Martin’s Press, 2000).

17. Entretien de l’auteur avec un salafi jihadiste, Amman, Jordanie, 1997.

18. Cette préoccupation résonne encore, et même les jihadistes considèrent le rationalisme comme une menace. Un site Web affilié à Al-Qaïda a publié un article citant la « menace de l’école rationnelle » dans lequel il blâme l’impérialisme britannique pour avoir planté le rationalisme par l’intermédiaire de Muhammad Abduh. Il note que le rationalisme « pourrait devenir le premier tremplin vers la sécularisation de la région, car il s’agit d’un mélange de laïcité et d’islam. » Comme cité dans Yigal Carmon, « Contemporary Islamist Ideology Permitting Genocidal Murder », document présenté au Forum international de Stockholm sur la prévention du génocide, MEMRI Special Report-No. 25, 27 janvier 2004, disponible à l’adresse (http://www.memri.org/bin/articles.cgi?Page=subjects&Area=jihad&ID=SR2504).

19. Les savants bénéficient d’un grand respect de la part de leurs adeptes, à tel point que les salafis les plus ardents se plaignent que les autres sont coupables de taqlid – suivre aveuglément leur chef sans considérer directement les sources de l’islam. Les salafis djihadistes (et certains autres islamistes), par exemple, ont affirmé que les étudiants du cheikh Bin Baz (ancien mufti d’Arabie saoudite, mort en 1999) l’ont suivi aveuglément dans des interprétations déviantes de l’islam en raison d’un attachement émotionnel et d’un respect pour le cheikh, sans tenir compte des preuves religieuses contraires. Leur amour et leur admiration étaient considérés comme responsables de les empêcher de chercher « la vérité » (Entretien de l’auteur avec Omar Bakri Muhammad, jihadiste et fondateur d’al-Muhajiroun, Londres, 2002).

20. Oussama ben Laden, « Discours à l’Oumma à l’occasion de l’anniversaire du djihad de la guerre des croisés », disponible sur (www.jihadunspun.com). Consulté le 1er novembre 2002.

22. International Crisis Group, Saudi Arabia Backgrounder : Qui sont les islamistes ? ICG Middle East Report n° 31, 21 septembre 2004, p. 3.

23. Entretiens multiples de l’auteur avec Hasan Abu Haniya, qui a siégé dans le cercle d’étude, Jordanie, 1996-1997.

24. Bin Baz et le radical Hamoud al-Uqla al-Shuaybi ont tous deux siégé avec Muhammad al-Amin al-Shanqiti. Al-Uqla a également enseigné à l’actuel mufti d’Arabie saoudite, Shaykh Abdul Aziz Al-Alshaykh.

25. Les interconnexions dans le réseau éducatif soulèvent une question importante pour les recherches futures : Quelles variables conduisent à des orientations différentes malgré une expérience éducative commune ? Pourquoi, par exemple, des individus issus des mêmes cercles d’études se retrouveraient-ils dans des factions rivales ? D’un point de vue méthodologique, un chercheur pourrait examiner plusieurs érudits qui ont produit des étudiants qui finissent par s’imposer dans des factions rivales (Albani et ses étudiants en seraient un bon exemple). Y a-t-il des variables communes qui sous-tendent les trajectoires divergentes ? S’agit-il d’attributs personnels ? Des facteurs situationnels ? L’exposition à des configurations particulières d’universitaires spécifiques ? Des expériences quasi-contrôlées pourraient aider à répondre à ces questions et à identifier les variables critiques de la radicalisation.

27. Pour une explication détaillée de la science du hadith, voir M.M. Azami, Studies in Hadith Methodology and Literature (Indianapolis : American Trust Publications, 1992).

30. Pour l’utilisation extensive de cet argument, voir The Neglected Duty de Muhammad Farag, traduit dans The Neglected Duty : The Creed of Sadat’s Assassins and Islamic Resurgence in the Middle East (New York : MacMillian Publishing Company, 1986). Voir également Gilles Kepel, Muslim Extremism in Egypt : Le prophète et le pharaon (Berkeley : University of California Press, 1993), ch. 7.

32. Consulté sur (http://www.allaahuakbar.net/scholars/albaani/debate_on_jihad.htm), le 9 décembre 2004.

33.  » Fatwaa d’Imaan Ibn Baaz (D. 1420H) concernant l’affaire algérienne « , pp. 2-3, posté sur (www.troid.org).

34. Voir l’article ID : CAF02011, disponible sur (www.salafipublications.com).

35. Entretien de l’auteur avec Halabi, Zarqa, 2 avril 1997.

36. Cité dans « Historical Development of the Methodologies of al-Ikhwan al-Muslimeen and Their Effect and Influence upon Contemporary Salafee Dawah », première partie, p. 20, fn. 23. Disponible sur (www.salafipublications.com).

37. Muhammad Abu Shaqra, The Truth about the Extremists (en arabe), cassette sonore, sans date.

42.  » Le discours des savants sur Salmaan et Safar « , première partie, p. 11, mis en ligne sur (www.salafipublications.com).

43.  » Développement historique « , ch. 5, p. 14, fn. 5.

44. Développement historique, ch. 5, p. 12.

45. Pour une discussion sur l’autorité sacrée, voir Dale F. Eickelman et James Piscatori, Muslim Politics (Princeton, NJ : Princeton University Press, 1996).

46. International Crisis Group, « Saudi Backgrounder : Qui sont les islamistes ?  » 21 septembre 2004, p. 2.

47. Bin Baz a d’abord soutenu une pétition qui impliquait une critique de la famille royale et de la décision d’autoriser les forces américaines dans le royaume, mais il a finalement fait marche arrière après que le Conseil des érudits supérieurs a réprimandé le clerc qui avait rendu la pétition publique. Voir International Crisis Group, Indonesian Backgrounder : Why Salafism and Terrorism Mostly Don’t Mix, Asia Report n° 83, 13 septembre 2004, p. 20, fn. 96.

48. Apparemment, cette fatwa a été faite un certain nombre d’années avant la première intifada mais n’a été rendue publique qu’après le soulèvement.

51. Comme cité dans  » La connaissance des affaires courantes de Safar al-Hawaalee et Salmaan al-‘Awdah « , p. 3.

52. Comme cité à (http://privatewww.essex.ac.uk/∼islamic/ilm/manhaj/arkh.html). Consulté le 10 décembre 2004.

54. Tel que cité à (http://privatewww.essex.ac.uk/∼islamic/ilm/manhaj/albanisalmankhaliq.html). Consulté le 10 décembre 10 2004.

55. Pour en savoir plus sur Hawali et ses opinions, voir Mamoun Fandy, Saudi Arabia and the Politics of Dissent New York : Palgrave, 1999), chapitre deux.

56. Évalué à (http://www.pbs.org/newshour/terrorism/international/fatwa_1996.html), 26 novembre 2004.

57.  » Saudi Arabia Backgrounder « , pp. 5-6.

58. Pour le contexte du CDLR, voir Fandy, Arabie saoudite, ch. 4.

59. Comme cité dans  » La connaissance des affaires courantes de Safar al-Hawaalee et Salmaan al-‘Awdah « , p. 24.

60. Oussama ben Laden, « Déclaration de guerre contre les Américains qui occupent la terre des deux lieux saints », publiée dans al-Quds al-Arabi (Londres), 8 août 1996.

61. MEMRI, série de dépêches spéciales-No 639, 7 janvier 2004.

62. Ben Laden,  » Déclaration de guerre « .

63. Al-Qaïda, « Une déclaration de Qa’idat al-Jihad concernant les mandats des héros et la légalité des opérations à New York et Washington », 24 avril 2002. Le document original a été publié sur (www.alneda.com) (hébergé par Markaz al-Dirasat wal-Buhuth al-Islamiyya) et fourni à l’auteur par Paul Eedle après la fermeture du site. L’anglais et l’arabe sont disponibles sur (http://www.mepc.org/public_asp/journal_vol10/0306_wiktorowiczkaltner.asp).

64. MEMRI,  » Un nouveau discours de Ben Laden « , série de dépêches spéciales, n°. 539, 18 juillet 2003.

65. Entretien de l’auteur avec des salafis jihadistes en Jordanie, 1996-1997.

66. Oussama ben Laden,  » À la Oumma islamique, à l’occasion du premier anniversaire de la nouvelle guerre des croisés américains « , 12 octobre 2002. Disponible sur (www.jihadunspun.net).

67. Entretien d’Oussama Ben Laden avec Dawn, tel que reproduit dans Rubin et Rubin, Anti-American Terrorism, p. 262.

69. Source : G. L. D. Vida. Kharidjites. Dans Encyclopedia of Islam, édition CD-ROM, v. 10 (Pays-Bas : Brill, 1999).

70. Les premiers Murji’a croyaient également que la foi ne diminuait ni n’augmentait, une position que les salafis contemporains continuent de dénoncer. Parce que le Coran fait explicitement référence à une augmentation de la foi, les Hanafis ultérieurs ont soutenu que la foi pouvait augmenter mais jamais diminuer. Bien que ce débat puisse sembler ésotérique, il fait désormais partie des polémiques salafistes lancées contre les musulmans libéraux et modérés.

71. Pour la distinction, voir, par exemple, (http://members.rogers.com/islamfrominside/Pages/Tafsir/Tafsir(2-1to5).html).

72. Pour un bon aperçu, voir Shaikh Ahmad Fareed, On the Issue of Takfeer (Ipswich, UK : Jam’iat Ihyaa’ Minhaaj Al-Sunnah, 1997).

73. Pour un bon résumé de l’acceptation de ces principes par les jihadistes, voir Abu Hamza al-Misri, The Khawaarij and Jihad (Birmingham, UK : Makhtabah al-Ansar, 2000), pp. 64-70.

75.  » L’opération du 11 Rabi al-Awwal  »

76 Ibid.

77. Pour la pesée des conséquences, voir Ali Hasan al-Halabi, Fundamentals of Commanding Good and Forbidding Evil According to Shaykh Ul-Islam Ibn Taymiyya (Cincinnati, OH : Al-Quran al-Sunnah Society of North America, 1995), pp. 18-19.

78. Pour un aperçu puriste, voir l’article ID : MNJ090001 et l’article ID : GRV070018, disponibles sur (www.salafipublications.com).

80. Voir, par exemple,  » Effets historiques « .

82. Albani, cependant, semble avoir été plus réservé dans son utilisation du terme « Khawarij de cette époque » que ses disciples puristes, qui sont responsables d’une grande partie de la polémique. Interrogé sur le livre de Hawali sur l’irja, la réponse exacte d’Albani a été la suivante : « Ils se sont opposés aux Salafs dans la plupart des questions de manhaj, et il convient que je les qualifie de Khawarij de l’époque. Et cela ressemble à leur émergence à l’époque actuelle dans laquelle nous lisons leurs déclarations – parce qu’en réalité, leurs paroles prennent la direction et l’objectif de celles des Khawarij en effectuant le takfir de celui qui commet des péchés majeurs » (cité dans « The Speech of the Scholars upon Safar and Salmaan, » p. 8). Il a poursuivi en disant qu’il ne savait pas s’ils soutenaient que tout péché majeur était l’apostasie. En conséquence, Albani n’a pas rendu l’étiquette absolue, observant plutôt qu’ils ressemblent aux Khawarij à certains égards.

83. Voir diverses publications relatives au takfir postées sur www.salafipublications.com.

85. Par exemple, voir « Le conseil de Shayul-Islaam Ibn Baz (D. 1420H) à Usaamah Ibn Laadin Al-Khaarijee », posté à (www.troid.org).

86. Il y a un contexte plus large pour ce verset que ce qui est généralement expliqué par les jihadistes. Il vient après un certain nombre de versets qui font référence aux juifs et aux chrétiens, et la majorité des spécialistes pensent que le Coran 5:44 fait donc référence aux juifs et aux chrétiens en particulier. Voir Rosalind Gwynne, « Al-Qa’ida and al-Qur’an : The ‘Tafsir’ of Usamah bin Laden « , document non publié, 18 septembre 2001, p. 1. Les puristes affirment fréquemment que les jihadistes appliquent mal les versets concernant les juifs et les chrétiens aux musulmans.

87. Hussam S. Timani, ch. 4 d’un manuscrit non publié, p. 204-206.

88. Voir, par exemple,  » Déclaration de guerre  »

89.  » Le credo de l’imam al-Albaanee « , p. 37, fn. 49.

91. Al-Misri, Le Khawaarij et le djihad, p. 56-57.

92. Il y a quelques autres points de débat qui tournent autour de questions techniques et grammaticales, mais les différences sont surtout liées aux interprétations sur l’intention.

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