L’histoire ancienne : « Le travail des femmes » se situe dans le domaine domestique
Sur les dix principales professions pour les femmes répertoriées par le ministère du Travail au 19e et au début du 20e siècle, près de la moitié du travail rémunéré disponible pour les femmes était dans les services domestiques, logique (pour l’époque) en raison de leur travail à la maison. Il s’agissait d’un travail dur, pénible, avec peu de congés, dans des conditions médiocres et avec un traitement encore pire ; les femmes vivaient souvent dans les greniers ou les caves de leurs employeurs. Il est compréhensible que les femmes aient trouvé plus attrayante la disponibilité croissante de nouveaux emplois dans les usines, les magasins et les bureaux, même si elles gagnaient moins de la moitié du salaire des hommes dans des rôles similaires.
L’évolution vers des professions telles que les soins infirmiers et l’enseignement était une extension du service domestique féminin, des soins, même si le travail était encore considéré comme un statut inférieur et que les femmes étaient obligées d’abandonner leur carrière dans ces domaines une fois mariées afin de maintenir le statu quo social de l’homme pourvoyeur de pain et de la femme au foyer.
Le passage au travail industriel dans les années 1800
Vers la fin des années 1800, les industries du textile et de l’habillement étaient les deuxièmes plus grands employeurs de femmes qui, encore une fois, devaient faire face à de longues heures, de maigres salaires et de terribles conditions de travail. Lorsqu’elles ont pu s’organiser, les femmes se sont affirmées, comme elles l’ont fait lors de la première grève enregistrée pour une semaine de travail de 55 heures à la Toronto Carpet Factory en 1902.
Avec leur nombre croissant, les travailleuses ont mené des grèves et des actions de travail, forçant les conseils municipaux de tout le Canada à élaborer des lois pour de meilleures conditions de travail et un traitement et une rémunération plus équitables. En fait, l’indemnisation des ouvriers, bien qu’elle ne se référait qu’aux » ouvriers « , est apparue à la suite du travail dangereux et des actions professionnelles subséquentes des opératrices téléphoniques.
La Première Guerre mondiale modifie la façon dont les travailleuses sont perçues
Beaucoup considèrent que le tournant dans l’histoire de l’emploi des femmes est la Première Guerre mondiale, lorsque les femmes sont entrées dans la population active pour remplacer les hommes enrôlés. Ce n’était pas la même vague d’emploi que celle vécue pendant la Seconde Guerre mondiale, mais cela a suffi à modifier la dynamique de travail à l’avenir, même si les femmes ont été encouragées – et dans certains cas légiférées – à reprendre leur place dans la cuisine à la fin de la guerre.
Les temps changeaient définitivement dans la première moitié du XXe siècle avec le mouvement des suffragettes cherchant à obtenir le droit de vote pour les femmes, et la Grande Dépression des années 1930, déclenchée par le krach boursier de 1929. Cette même année, les femmes canadiennes sont enfin reconnues comme des « personnes » aux yeux de la loi. La guerre imminente en Europe a exercé une forte pression sur la main-d’œuvre, car des multitudes d’hommes se sont enrôlés et la demande de produits pour soutenir l’effort de guerre a augmenté. Cette fois, lorsque la guerre s’est terminée, de nombreuses femmes ont décliné l’invitation à retourner au foyer et sont restées employées, même si leur présence a déclenché d’importants changements culturels et sociaux et a obligé les gouvernements et les syndicats à repenser leurs mandats.
Les lents progrès réalisés des années 1950 à aujourd’hui
Les années 1950 ont été marquées par une expansion économique rapide et une augmentation de la production et de la disponibilité des biens, des services de santé et d’éducation. Les nouveaux produits et services et la nécessité de les annoncer et de les livrer ont créé de nouvelles opportunités pour les femmes. Le désir de contribuer au niveau de vie de leur famille a poussé de nombreuses femmes à entrer sur le marché du travail. Leur nombre continue d’augmenter ; en 2014, Statistique Canada estimait que plus de 47 % de la main-d’œuvre était composée de femmes. Bien que les femmes doivent être des soutiens de famille, leurs revenus sont encore embarrassants et bien inférieurs à ceux de leurs collègues masculins. Et même si les choses ont évolué pour le mieux, les femmes se taillent encore la part du lion dans les tâches domestiques et les soins, même si elles partagent certaines responsabilités avec un partenaire.
Le changement est lent à venir. Il commence par un changement de la pensée monolithique autour des rôles de genre et de ce qui constitue le travail des hommes et des femmes. Parallèlement à un changement d’attitude, une nouvelle législation est nécessaire pour créer des structures sociales, économiques et politiques qui reflètent davantage le monde du travail tel qu’il est. La nature même du travail évolue vers un modèle non traditionnel, composé de travailleurs à temps partiel, contractuels, virtuels, occasionnels, consultants et indépendants. Reste à savoir si ces nouveaux modèles sont neutres ou spécifiques au genre.
Avec le coût de la vie si élevé au Canada, peu de familles peuvent se loger, se vêtir, se nourrir et éduquer leur famille avec un seul revenu. Là où la norme des rôles sexuels était étroitement respectée et surveillée au début du siècle dernier, malgré un impair historique, il y a un nouveau paradigme pour ce siècle. Les femmes pourraient ne jamais retourner à la cuisine, sauf si c’est leur choix.