Tous les chats ne rugissent pas (ce qui est probablement une bonne chose pour ceux d’entre nous qui possèdent des chats d’appartement), mais ceux qui le font nous fascinent par leurs sons mystérieux et effrayants. Une recherche publiée cette semaine dans PLoS ONE nous donne un nouvel aperçu du fonctionnement interne des rugissements des lions et des tigres – le secret se trouve dans les plis vocaux des chats.
Un groupe de biologistes et de spécialistes de l’élocution a étudié comment les lions et les tigres rugissent en examinant et en testant des tissus provenant des larynx de trois lions et de trois tigres du zoo Henry Doorly d’Omaha qui avaient été euthanasiés parce qu’ils étaient vieux et malades. Les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux tissus des plis vocaux, des tissus conjonctifs mous composés de collagène, d’élastine, d’un lubrifiant et de graisse.
Les plis vocaux ne sont qu’un autre nom pour les cordes vocales, et ils sont un peu différents chez les lions et les tigres que chez les autres espèces. Chez la plupart des espèces, les plis vocaux ont la forme de triangles à l’endroit où ils font saillie dans les voies respiratoires de l’animal. Mais chez les lions et les tigres, les protubérances sont plates et ont la forme d’un carré, grâce à la graisse située dans le ligament du pli vocal. Cette forme permet au tissu de réagir plus facilement au passage de l’air, ce qui permet aux chatons de rugir plus fort avec une pression pulmonaire moindre. Un lion ou un tigre peut rugir jusqu’à 114 décibels, soit environ 25 fois plus fort qu’une tondeuse à gazon à essence.
Les chats sont également aidés par la force de leurs plis vocaux, qui peuvent résister à l’étirement et au cisaillement lorsque l’air passe devant eux et que les plis vibrent. La taille de l’animal ou du pli vocal, ou la fréquence du son, n’ont pas eu d’importance. Les élans ont des plis vocaux de la même taille, mais ils émettent des sons aigus. Et les humains parlent dans une gamme de fréquences sonores similaires à celles des rugissements des lions et des tigres, mais évidemment nos voix sont beaucoup plus douces.
Cette étude « est la confirmation que les fréquences de la phonation sont décrites par les propriétés mécaniques des plis vocaux et non par les impulsions nerveuses du cerveau », explique l’auteur principal de l’étude, Ingo Titze, directeur exécutif du National Center for Speech and Voice.
Mais Titze dit aussi qu’il y a des similitudes entre le rugissement d’un lion et le cri d’un bébé. Tous deux ont des plis vocaux « très lâches et semblables à du gel » qui produisent des vibrations irrégulières créant des sons rugueux (basse fréquence chez les chats, aiguës chez les bébés) et attirant notre attention.
La voix des lions et celle des bébés sont les mêmes.