Un  » mal de tête  » post-opératoire potentiel pour les patients migraineux

La réussite dans le cadre périopératoire est souvent discutée en termes de taux de réadmission hospitalière non planifiée. On suppose donc qu’une réduction des taux de réadmission permettra non seulement de réduire le fardeau des coûts de soins de santé, mais aussi d’améliorer la sécurité et la qualité de vie des patients.1

L’un des facteurs de risque de réadmission à l’hôpital jusqu’à 30 jours après la sortie de l’hôpital est la migraine, en particulier la migraine avec aura.2 Cette incidence accrue de la migraine chez les patients réadmis en post-chirurgie peut potentiellement être attribuée à une prise en charge péri-opératoire inadéquate de la migraine.3 Pour qualifier plus précisément cette association, une équipe de chercheurs dirigée par Katharina Platzbecker a récemment mené une étude de registre hospitalier en utilisant les informations des patients provenant de 3 bases de données cliniques4.

image

Réadmission : gros casse-tête pour les migraineux

La migraine a été reconnue comme un trouble complexe du système nerveux ayant communément un impact sur plusieurs structures ; une altération de la perception et du traitement de la douleur, ainsi qu’une allodynie, sont souvent associées aux cas chroniques de migraine, y compris ceux avec aura. D’autres études ont démontré une association claire entre la migraine et la douleur non céphalique.4 En gardant ces facteurs à l’esprit, Platzbecker et ses collègues américains et allemands ont procédé à un examen complet de tous les états douloureux potentiellement liés à la migraine afin de définir plus clairement l’association entre la migraine et les taux de réadmission à l’hôpital.4

Historiquement, les chercheurs ont émis l’hypothèse que les patients ayant reçu un diagnostic préalable de migraine et subissant une intervention chirurgicale présentaient un risque accru de réadmission en raison d’un accident ischémique cérébral dans les 30 jours suivant l’opération, par rapport aux patients n’ayant pas reçu de diagnostic préalable de migraine. Chez les patients souffrant de migraine avec aura, un risque encore plus élevé de réadmission a été observé.2 Enfin, selon plusieurs études, une corrélation plus forte entre un diagnostic antérieur de migraine et une réadmission due à la douleur était attendue lorsque les critères d’inclusion étaient limités aux données associées aux symptômes spécifiques de la migraine, tels que les céphalées et les douleurs abdominales4.

Un diagnostic d’aura confère un risque plus élevé

Les patients de la présente analyse ont été identifiés à l’aide d’un registre hospitalier comprenant 150 710 adultes âgés de 18 ans et plus qui ont subi une intervention chirurgicale sous anesthésie générale et ventilation mécanique dans un centre de soins tertiaires et 2 hôpitaux communautaires affiliés du Massachusetts entre 2007 et 2015. Parmi ces patients avec un diagnostic antérieur de migraine, une augmentation statistiquement significative du risque de réadmission post-chirurgicale à 30 jours, liée à la douleur, est survenue par rapport aux patients sans diagnostic antérieur de migraine (odds ratio ajusté 1,42, intervalle de confiance à 95% 1,15 à 1,75).

Chez les patients souffrant de migraine avec aura, une association encore plus forte entre le diagnostic antérieur et le risque de réadmission lié à la douleur existait :

  • Par rapport à la migraine sans aura : odds ratio ajusté 1.69 (intervalle de confiance à 95% 1,06-2,70)
  • Par rapport à la migraine sans aura : odds ratio ajusté 2,20 (intervalle de confiance à 95% 1,44-3,37).

Pour 1000 patients, le risque prédit ajusté de réadmission à 30 jours, post-chirurgicale, liée à la douleur était de 9.1 chez les patients avec un diagnostic antérieur de migraine avec aura (IC 95 % 5,3 à 13,0) et 5,4 chez les patients avec un diagnostic antérieur de migraine sans aura 95 % (IC 4,2 à 6,6), contre 4,2 chez les patients sans diagnostic antérieur de migraine (IC 95 % 3,8 à 4,5).

En dernier lieu, l’étude actuelle a confirmé les résultats précédents selon lesquels un diagnostic antérieur de migraine conférait un risque accru de réadmission en raison de douleurs spécifiques à la migraine, telles que des maux de tête ou des douleurs abdominales (OR ajusté 1,55, IC 95 % 1,20 à 2,00).

Il convient de noter quelques mises en garde

La nouvelle étude, bien qu’instructive, a ses limites. « Comme il s’agissait d’un projet sur des données administratives, la classification de nos variables d’exposition et de résultat était basée sur les informations de facturation », ont écrit les auteurs. « Les codes CIM sont susceptibles d’être mal classés. « 4 De plus, les données de prescription ont constitué la base des informations sur le traitement, sans que rien ne soit disponible sur les indications spécifiques et sur le fait que les patients respectent ou non leur régime médicamenteux.

Malgré ces limites, les résultats de cette analyse démontrent clairement qu’un diagnostic antérieur de migraine place les patients chirurgicaux à un risque accru de réadmission en raison de la douleur dans la période post-chirurgicale de 30 jours, et que ce risque augmente chez les patients souffrant de migraine avec aura et lorsqu’elle est associée à des symptômes spécifiques à la migraine.

Publiée : 05 septembre 2018

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *