MARIE-LOUISE D’AUTRICHE

Enfance en Autriche

Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine est née le 12 décembre 1791 à Vienne. Ses parents, François II, qui succède à son père Léopold II comme empereur du Saint-Empire le 1er mars 1792, et Marie-Thérèse de Naples sont tous deux apparentés à Marie-Antoinette. Élevée par ses différentes gouvernantes, elle reçoit une éducation bourgeoise mais heureuse malgré les difficultés qui lui sont imposées après l’exil de sa famille en 1805. Cette expérience se transforma en une aversion marquée pour la France et une détestation de celui qu’on appelait « l’ogre corse ». Elle avouera plus tard à Ménéval qu’elle a grandi  » sinon dans la haine , du moins dans un environnement guère favorable à l’homme qui avait à plusieurs reprises amené la maison de Habsbourg à un cheveu de la destruction, et qui avait obligé sa famille à fuir la capitale et à errer de ville en ville dans la confusion et la consternation. »(1)

Constitution du mariage impérial

En 1809, Marie-Louise, alors âgée de dix-huit ans, apprend que des rumeurs circulent selon lesquelles Napoléon Ier, qui vient de vaincre à nouveau l’Autriche, cherche une nouvelle épouse. L’idée qu’elle puisse être la prochaine impératrice des Français lui est odieuse et elle écrit : « Napoléon a trop peur d’être refusé et a trop l’intention de nous blesser davantage pour faire une telle demande, et père est trop bon pour insister sur une chose de cette importance ». En attendant la décision de Napoléon, elle écrit à l’une de ses amies, Madamoiselle Poulet : « Depuis le divorce de Napoléon, je continue à ouvrir la Gazette de Francfort dans l’espoir d’y trouver l’annonce de sa nouvelle épouse. Je dois avouer que ce retard m’a donné beaucoup d’inquiétude. Je remets mon destin entre les mains de la divine Providence. Si le malheur le veut, je suis prêt à sacrifier mon bonheur pour le bien de l’État, convaincu que le vrai bonheur ne vient que de l’accomplissement de ses devoirs, même au détriment de ses désirs. » . Elle a également écrit à son père : « (2) François II n’ose pas l’informer lui-même de sa décision et délègue cette tâche à son ministre, Metternich. Résignée à son sort, elle accepte la décision sans la moindre amertume. Après cela, les événements se succèdent à un rythme soutenu. Berthier part pour Vienne le 24 février et le 8 mars, la demande officielle est faite. Le lendemain matin, le contrat de mariage est signé et le 11 mars, le mariage par procuration a lieu. Le mariage religieux a lieu à Paris le 2 avril.

Empereur et mère : la naissance du roi de Rome

A la suite de son mariage avec Napoléon Ier, Marie-Louise devient impératrice, ce qu’elle restera pendant quatre ans. Napoléon n’a pas eu à attendre longtemps pour avoir un héritier : le 20 mars 1811, après un accouchement long et difficile, Marie-Louise donne naissance à un fils, qui reçoit le titre de Roi de Rome. Surnommé « l’aiglon », il est conféré à Madame de Montesquiou, qui deviendra sa gouvernante.

La vie de Marie-Louise est régie par le cérémonial et l’étiquette. Les chambres de Joséphine dans chacun des palais impériaux sont réaménagées pour elle, et un protocole strict emprisonne la jeune femme dans une cage dorée. Elle remplit son rôle de représentante avec diligence et se conduit avec dignité.

En 1813, après le désastre russe et alors que Napoléon part pour sa campagne en Allemagne, Marie-Louise est laissée en France comme régente, bien qu’avec un pouvoir politique limité. Bien que l’empereur des Français revienne lorsque la capitale est menacée, il repart le 25 janvier 1814, sans jamais revoir sa femme et son fils. Le 28 mars, l’ennemi est aux portes de la ville ; Marie-Louise souhaite rester, mais Napoléon insiste pour qu’elle parte avec son fils dans la vallée de la Loire. Dans ses lettres à Napoléon, elle le supplie de lui permettre de l’accompagner à l’île d’Elbe. Au lieu de cela, il l’envoie en Autriche, à la cour de son père, où il espère qu’elle pourra obtenir la clémence pour lui et sa famille. Ce faisant, il lui promet qu’il la reverra par la suite. Marie-Louise rencontra son père à Rambouillet, où elle fut persuadée de retourner à Vienne et de se reposer. Ensuite, au lieu de retourner aux côtés de son mari, elle se rendit à Aix et à ses thermes, accompagnée du Comte de Neipperg. Le roi de Rome reste à Vienne en tant qu’otage. Facilement séduite, Marie-Louise abandonne toute idée de retour auprès de son mari (sa correspondance personnelle ne semble plus faire mention de lui (3)) même après le retour triomphal de celui-ci en 1815. La défaite de la France à Waterloo finit de convaincre la jeune Autrichienne que son destin est loin de la France.

La duchesse de Parme

L’acte final du Congrès de Vienne (9 juin 1815) (4) la fait duchesse de Parme, qu’elle gouverne avec bienveillance en compagnie du comte de Neipperg. Son fils, qui porte désormais le titre de duc de Reichstadt, reste à Vienne, où il meurt de la tuberculose en 1832. Marie-Louise, âgée de vingt-cinq ans, fait son entrée à Parme le 9 avril 1816. Elle reste populaire auprès de ses sujets, tandis que les affaires extérieures et militaires sont laissées entre les mains très compétentes de Neipperg.

Elle épouse Neipperg en 1821, avant que celui-ci ne décède en 1829. Ne voulant pas supporter la perspective de la solitude, elle épouse le Comte de Bombelles le 17 février 1834. Marie-Louise meurt le 17 décembre 1847 et est enterrée à Vienne, dans le Kapuzinergruft, avec d’autres membres de la famille Habsbourg. Conformément à l’arrêt du traité de Paris, le duché de Parme revient à la maison de Bourbon-Parme, qui sera dirigée par Charles II.

Emmanuelle Papot (tr. & éd. H.D.W.)

Notes
(1) Méneval. Napoléon et Marie-Louise, Souvenirs historiques, Amyot, Paris, 1844. P. 329-330.
(2) Correspondance de Marie-Louise (1799-1847), Charles Gérold, Vienne, 1887
(3) Correspondance de Marie-Louise (1799-1847), lettres intimes à la comtesse de Colloredo et à Melle Poutet, depuis 1810, comtesse de Crenneville, Vienne, 1887.
(4) Article 99, voir Michel Kérautret, Les grands traités de l’Empire (1810-1815), Nouveau Monde Editions/Fondation Napoléon, Paris : 2004, p. 250.

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