Le style néo-gothique est un style architectural né au milieu du 18e siècle en Angleterre. Avec le développement du romantisme, certains amateurs éclairés comme Horace Walpole et William Beckford ont fortement influencé l’enthousiasme du public pour le Moyen Âge, les arts médiévaux et la nouvelle qualité esthétique connue sous le nom de « pittoresque », comme en témoignent les luxueuses folies architecturales de Fonhill Abbey ou Strawberry Hill. Au XIXe siècle, le néo-gothique connaît son heure de gloire avec les œuvres de Pugin et de Ruskin ; le Parlement de Londres (1840-1860) est un exemple célèbre de ce style.
Au XIXe siècle, ce mouvement exerce une puissante influence sur les arts européens et américains.
En France, la Révolution a rompu ses liens avec le passé chrétien et monarchique, ce qui a créé un profond traumatisme social et culturel. La nostalgie d’un passé national glorieux, d’un passé imaginaire était la source d’une nouvelle inspiration. Le Moyen Âge était considéré comme l’âge d’or du christianisme, la source mystique de la religion.
La passion pour le Moyen Âge, évidente dans les nouvelles peintures de style Troubadour (1802), très appréciées par l’impératrice Joséphine, fut freinée jusqu’à la période de la Restauration où l’imagerie néo-gothique s’épanouit pleinement dans les arts. En effet, les goûts personnels de Napoléon étaient plus axés sur les influences grecques et romaines.
C’est dans l’architecture que le style s’épanouit véritablement avec Prosper Mérimée, le fondateur du musée des Monuments historiques français, et Eugène Viollet-le-Duc, l’architecte qui a restauré de nombreux bâtiments gothiques français.
Influencé par l’architecture médiévale, la symétrie est abandonnée et les maisons sont ornées de charpentes verticales et de pignons d’angle très décorés. Les bâtiments publics, les églises et les grandes propriétés bourgeoises étaient ornés de créneaux, de flèches et de gargouilles.
Le mobilier et et les objets d’art étaient tout autant influencés par les idées néogothiques ; les artistes s’inspirant des objets gothiques flamboyants du XVe siècle » à la cathédrale » – » cathedral style « .
La littérature romantique reprend le Moyen Âge, Walter Scott publie des romans historiques à succès et le célèbre roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris (1831), place le drame du Bossu dans la célèbre cathédrale gothique, qui est à la fois le décor et un personnage de l’intrigue. Une façade temporaire néo-gothique fut érigée devant la façade délabrée de la cathédrale pour le couronnement de Napoléon en 1804 et, plus tard, une façade similaire créée par l’architecte Hittorff fut érigée pour le baptême du duc de Bordeaux à la « manière gothique ». À ce moment-là, le public en avait assez de l’architecture grecque et romaine.
photo 1 : Façade néogothique de la cathédrale Saint-Patrick, New York, 1885-1888, James Renwick Jr.
photo 2 : Projet de salon de style néogothique, aquarelle, vers 1836. Le style néo-gothique imprègne tout, des meubles aux miroirs, en passant par la cheminée…
photo 3 : Salon néo-gothique de la princesse Marie d’Orléans aux Tuileries, par Prosper Lafaye, 1842, Paris. Le peintre a placé la princesse Marie devant son lutrin gothique, lisant un livre d’heures enluminé.
Photo 4 : Façade de l’abbaye de Fonthill, en Angleterre.
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